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Dans la guerre au Proche-Orient, les Etats-Unis sont réduits au rôle de spectateur

Le décompte des milliers de morts palestiniens s’est perdu à Gaza, où les frappes israéliennes meurtrières se poursuivent. L’attention internationale s’est portée vers le Liban, où Beyrouth ne cesse d’être pilonnée par l’Etat hébreu. Les troupes israéliennes opèrent également dans le sud libanais contre la milice du Hezbollah, avant que la riposte promise aux tirs de missile iraniens, le 1er octobre, ne déplace une nouvelle fois les regards, alimentant une inquiétude, hélas fondée, à propos d’un éventuel embrasement régional.
De ce chaos où certains veulent déceler la volonté israélienne d’un remodelage du Proche-Orient par les armes, et seulement par elles, on ne retient pour l’heure que l’impuissance spectaculaire des Etats-Unis. Washington est à la fois l’allié le plus proche d’Israël et l’arsenal dans lequel puise, sans vergogne ni limites, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023.
Cette position privilégiée a toujours fait des Etats-Unis, par le passé, un acteur capable de tracer des lignes rouges. Ils ne semblent plus guère disposer de cette capacité aujourd’hui. Certes, le temps politique américain y contribue en bonne partie. Sur le départ depuis qu’il a renoncé à se représenter, Joe Biden est un « lame duck president », un locataire de la Maison Blanche diminué. Il sera flanqué dans un mois d’un président ou d’une présidente élue qui rendra sa parole définitivement inaudible.
Ce temps politique n’explique pas tout, surtout à propos d’un responsable convaincu de sa maîtrise des questions internationales, mais dont le bilan, en la matière, risque de ne pas être à son avantage à la lumière de ces derniers mois. L’effacement de l’administration démocrate a d’ailleurs commencé bien avant la décision de se retirer de la campagne présidentielle au bénéfice de la vice-présidente, Kamala Harris.
Il est incarné par le secrétaire d’Etat, Tony Blinken, dont aucune des tentatives de médiation dans la région, où il a multiplié les visites, n’a produit le moindre résultat. La quête vaine américaine d’un cessez-le-feu à Gaza, qui aurait permis de libérer des otages israéliens capturés il y a un an et d’épargner la vie de civils palestiniens, s’est transformée en embarrassante humiliation. Après n’avoir cessé de piétiner les rares lignes rouges de Joe Biden à propos de Gaza, Benyamin Nétanyahou a pourtant été invité et cordialement reçu à la Maison Blanche en juillet, comme si de rien n’était.
Le premier ministre israélien a, de même, balayé d’un revers de main méprisant la proposition de cessez-le-feu au Liban avancée conjointement fin septembre par son allié et par la France, pour épargner une nouvelle épreuve au pays du Cèdre, paralysé politiquement, et économiquement en lambeaux. L’administration américaine donne enfin l’impression d’être une nouvelle fois à la remorque d’Israël à propos des cibles que pourrait choisir l’armée israélienne en riposte aux tirs de missile iraniens contre Israël.
Du fait d’un multilatéralisme en coma dépassé, on ne peut que déplorer cette absence de volonté américaine à peser sur le cours des événements, en usant notamment du levier de son aide militaire à Israël. Le bilan de l’usage exclusif de la force au Proche-Orient, au cours des dernières décennies, devrait inviter en effet à la plus grande prudence.
Le Monde

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